Contenu de l'article
1 - L'histoire de Cheikh el Kamel
2 - Le Moussem : Danse, Musique et Spiritualité
3 - Un rituel enrichi avec le temps
4 - Aïssaoua : Une Transe Sacrée en Mouvement
La Fête du Mawlid, qui commémore la naissance du Prophète Sidna Mohammed, est une célébration sacrée pour les musulmans à travers le monde. Cependant, à Meknès, cette occasion revêt une signification particulière depuis près de cinq siècles, car elle coïncide avec le Moussem en l'honneur du grand saint Cheikh Al Kamel. Sa zaouia (mausolée) et sa demeure sont le lieu de rassemblement de fidèles, de disciples et de curieux venant de tout le Maroc pour puiser dans sa sagesse et participer aux célébrations religieuses qui marquent cet événement.
L'histoire de Cheikh el Kamel
La tradition centenaire du Moussem de Meknès remonte à près de cinq siècles, et elle est inextricablement liée à la célébration du Festival du Mawlid, qui commémore la naissance du Prophète Sidna Mohammed. Chaque année, cet événement attire des milliers de fidèles et de curieux dans la ville de Meknès, au Maroc, pour participer à cette célébration unique qui mêle spiritualité, musique, et danse.
L'histoire de cette tradition remonte au XVIe siècle, lorsque Cheikh Al Kamel, un saint vénéré de l'époque, a établi sa résidence et sa zaouia (un lieu de culte soufi) à Meknès. Sa zaouia est devenue un lieu de pèlerinage pour les disciples, les amis et les fidèles qui cherchaient la sagesse et la guidance spirituelle du cheikh. Le Moussem, qui coïncide avec la Fête du Mawlid, est devenu une occasion de rassemblement annuel pour honorer la mémoire de Cheikh Al Kamel et de célébrer la naissance du Prophète.
Chaque année, des fidèles appartenant principalement à la confrérie des Aïssaoua convergent vers la ville de Meknès pour participer à cette tradition profondément enracinée. Cette confrérie religieuse, fondée au XVIe siècle, tire son nom de Cheikh El Kamel et repose principalement sur la pratique de la Hadra, une forme de danse de transe collective accompagnée de chants soufis.
Le Moussem : Danse, Musique et Spiritualité
Le Moussem est une célébration de plusieurs jours qui combine des éléments spirituels et festifs. La cérémonie de la Lila (nuit) des Aïssaoua, qui est au cœur de cette tradition, est un rituel ancestral transmis de génération en génération. Elle est caractérisée par des chants récitatifs, des instruments de percussion, des danses, et une atmosphère mystique.
Les participants, assis en cercle, entament la veillée par le Hizb, un chant récitatif qui comprend une variété de rythmes et de mélodies, entrecoupé de citations coraniques. Le Dikr, une série de chants dédiés aux saints et au Prophète, est dirigé par un soliste (Dhakkar) avec une participation chorale, le tout accompagné par des instruments tels que le Tbel, le Bendir et la Ghaita. La cérémonie inclut également le Horm, une phase préliminaire à la danse et à la transe, ainsi que l'Ahadun, qui annonce la Hadra, le moment culminant de la nuit.
Lors de la Hadra, les danseurs Aïssaoua, vêtus d'habits rituels en laine, forment un cercle et commencent à danser avec des mouvements subtils qui se propagent dans tout leur corps. Cette danse de transe crée une atmosphère envoûtante où la spiritualité, la musique, et la danse se fondent dans une expérience mystique.
Le Moussem de Meknès est une tradition vivante qui transcende les siècles. Chaque année, il réunit des milliers de fidèles de la confrérie des Aïssaoua, ainsi que d'autres confréries religieuses, dans une célébration de la foi, de la musique, et de la danse. Cet événement est bien plus qu'une simple célébration religieuse ; il représente un héritage culturel et spirituel précieux, préservé grâce à la dévotion et à la foi de générations de fidèles.
Un rituel enrichi avec le temps
Le rituel de la Lila (nuit) des Aïssaoua est une tradition orale transmise de génération en génération, préservée au fil des siècles. La cérémonie est rythmée par des chants, des percussions et des danses, créant une atmosphère mystique et enivrante. Les Aïssaoua se rassemblent en cercle pour entamer la veillée par le Hizb, un chant récitatif empreint de rythmes et de mélodies variés, parsemé de citations coraniques.
Le Dikr suit, avec des chants dédiés aux saints et au Prophète, dirigés par un soliste (Dhakkar) et accompagnés par le chœur. Les instruments à percussion comme le Tbel, le Bendir et la Ghaita ajoutent une dimension sonore envoûtante à la cérémonie. Le moment du Horm, prélude à la danse et à la transe, est suivi par Ahadun (l'unique), annonçant la Hadra, le point culminant de la soirée.
Aïssaoua : Une Transe Sacrée en Mouvement
Les danseurs Aïssaoua portent des vêtements rituels en laine et forment un cercle. Ils commencent par de petits pas et des mouvements subtils, qui progressivement prennent possession de tout leur corps, les transportant dans une sorte de transe vibrante. C'est un moment puissant où la spiritualité et la musique se fusionnent, transportant les participants dans un état d'extase sacrée.
Sidi M'hamed Ben Aïssa, dit Cheikh Al Kamel (le parfait), est une figure sainte dont la vie fut dédiée à expliquer la parole et les actes du Prophète Sidna Mohammed, ainsi qu'à guider les fidèles sur le chemin de la communication divine. Ses actes saints et ses miracles, son amour profond pour le Prophète et sa contribution à l'amélioration de la vie spirituelle des croyants l'ont élevé au rang de sage de l'Islam.
La confrérie Aïssaoua, dont le nom dérive du saint Cheikh El Kamel, est l'une des plus populaires au Maroc. Elle a été fondée au XVIe siècle et se base principalement sur la pratique de la Hadra, les danses de transe collective accompagnées de chants soufis. Chaque année, des fidèles de tout le Maroc, mais aussi d'Algérie, de Tunisie et de Libye, se réunissent autour du mausolée du cheikh pour célébrer la Fête du Mawlid.
La pérennité de cette tradition est le fruit d'un ressourcement annuel lors de la Fête du Mawlid, un moment où les fidèles se connectent à la grâce du saint Cheikh Al Kamel et préservent un patrimoine rituel ancestral.
Ainsi, le Moussem de Meknès est bien plus qu'une simple célébration religieuse. C'est un héritage précieux qui unit les générations, préservant la spiritualité, la musique, et la danse, tout en honorant la mémoire de Cheikh Al Kamel, l'homme saint du XVIe siècle dont la sagesse continue d'illuminer les cœurs des fidèles de la confrérie Aïssaoua.